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Congé paternité : des entreprises l'allongent déjà à un mois

RH/Au moins un mois de congé au second parent, contre 11 jours légaux en France, lors de la naissance ou l'adoption d'un enfant, c'est le cadeau que font à leurs salariés plus de 300 entreprises, petites et grandes. Un investissement pour faire avancer l'égalité femmes-hommes et attirer les talents.

Plus on allonge le congé paternité, plus on favorise l'égalité tant au sein du foyer que dans l'entreprise. Les hommes s'impliquent plus dans la vie familiale, ce qui a pour effet à long terme d'augmenter le taux d'emploi et le salaire des femmes.
Plus on allonge le congé paternité, plus on favorise l'égalité tant au sein du foyer que dans l'entreprise. Les hommes s'impliquent plus dans la vie familiale, ce qui a pour effet à long terme d'augmenter le taux d'emploi et le salaire des femmes. (iStock)
Publié le 1 sept. 2020 à 07:57

Doubler le nombre de jours du congé de naissance du second parent… Le projet est encore dans le carton du gouvernement. Des entreprises ont pris les devants. « BETC, BlaBlaCar, Envie de Fraise, HomeExchange, MeilleursAgents, Talentsoft… En quatre mois, 334 entreprises, représentant 37.413 salariés, ont répondu à notre appel et ce n'est, je l'espère, qu'un début », lance Isabelle Rabier, CEO de la start-up Jolimoi et l'une des trois instigatrices du Parental Act. Une charte élaborée en début d'année qui prévoit d'accorder, à la naissance d'un enfant, un congé d'au minimum quatre semaines rémunéré à 100 % au second parent, quels que soient son sexe et son statut. « Aujourd'hui, en France, quand votre famille s'agrandit, vous avez droit légalement aux 3 jours de congé de naissance, puis à 11 jours calendaires consécutifs, week-ends et jours fériés compris, 18 jours en cas de naissances multiples », rappelle l'entrepreneuse. Une misère comparée aux 8 semaines, payées à 100 %, accordées en Espagne ou aux 10 à 39 semaines consenties au Danemark. En attendant que la loi française évolue, l'idée est donc d'octroyer davantage de droits aux hommes pour en redonner aux femmes.

« Les études montrent que plus on allonge le congé paternité, plus on favorise l'égalité tant au sein du foyer que dans l'entreprise, souligne Patrice Bonfy, cofondateur du Paternel, un média digital à destination de la nouvelle génération de pères. Les hommes s'impliquent plus dans la vie familiale, ce qui a pour effet à long terme d'augmenter le taux d'emploi et le salaire des femmes. »

Une question d'équité

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Le congé second parent prolongé peut être mis en place soit via un accord collectif soit par le biais d'un engagement unilatéral de l'employeur, le format le moins contraignant juridiquement. C'est d'ailleurs l'option qu'a choisie Frédéric de Gombert, PDG d' Akeneo , une société nantaise créée en 2013 qui édite des logiciels à destination des marques et des distributeurs. « Pour une question de cohérence et d'équité, il était important pour nous de proposer ce dispositif à l'ensemble de nos 190 salariés répartis dans 5 pays, explique-t-il. Parce que la problématique de fond est la même partout. » Philippe Mossière a été le premier à en bénéficier dans l'entreprise. « L'annonce est tombée une semaine avant la naissance de ma fille, témoigne ce développeur de trente-six ans. Une sacrée bonne surprise ! J'ai pu soulager ma compagne après l'accouchement et passer près de six semaines aux côtés de ma fille. Au travail, personne ne m'a fait de remarque, même si mon absence a forcément pesé sur la charge de travail de l'équipe. »

Un effort modéré pour l'entreprise

Reste qu'une telle mesure a un coût pour l'employeur. Pour l'évaluer, il faut estimer la probabilité que chaque collaborateur a, selon son âge, de devenir parent dans l'année, en sachant que, d'après les statistiques de l'Insee de 2016, l'âge moyen du père à la naissance se situe autour de 31-32 ans, puis croiser ces données avec les salaires moyens par tranche d'âge. Un calcul que n'a pas fait Frédéric de Gombert. « Ce n'est pas parce que vous allez mettre en place ce congé que tous vos employés vont soudain se mettre à faire des bébés, tempère-t-il. On parle d'événements qui arrivent au maximum trois ou quatre fois dans une carrière. Cela ne représente pas un gros effort pour l'employeur. »

L'investissement peut même vite s'avérer rentable. « Aujourd'hui, les jeunes générations se posent beaucoup de questions sur le sens de ce qu'ils font et dans quel contexte ils le font, constate Frédéric de Gombert. Très sensibles aux sujets sociaux, ils ciblent des boîtes en phase avec leurs valeurs. » Pour autant, pas question pour ce patron d'en faire un argument marketing : « On n'a pas du tout communiqué sur cette mesure à l'extérieur. On ne doit pas être fier de rattraper un retard social qui existe depuis trop longtemps ! »

Mathilde Riaud

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