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La française Camille François parmi les "35 Innovators Under 35"

PORTRAIT // À 30 ans, Camille François a rejoint le club très select des 35 innovateurs de moins de 35 ans de la MIT Technology Review.

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La chercheuse française apparaît dans la catégorie des “Visionnaires” pour son travail d'analyse des campagnes de désinformation et de harcèlement sur les réseaux sociaux. (Camille François)
Publié le 5 juil. 2019 à 07:00Mis à jour le 5 juil. 2019 à 18:08

Peu connue en France, Camille François, 30 ans, s’est fait repérer de l’autre côté de l’Atlantique, où elle est installée depuis quelques années. Elle est la seule Française à figurer dans la liste 2019 des “35 innovators under 35” de la MIT Technology Review, qui concocte chaque année, une liste d’influenceurs innovants dont les travaux peuvent changer le monde.

La chercheuse française apparaît dans la catégorie des “Visionnaires” pour son travail d'analyse des campagnes de désinformation et de harcèlement sur les réseaux sociaux. Passée par Google et son incubateur tech Jigsaw, la jeune femme a rejoint l’an dernier Graphika, une entreprise experte en analyse de l’influence sur les réseaux sociaux. 

Son job ? “Mon équipe détecte, enquête, mène des recherches sur les cyberguerres, le harcèlement en ligne et les ‘fake news”, peut-on lire sur son LinkedIn. L’intelligence artificielle, et en particulier le machine learning, leur permet de dresser une carte des communautés actives en ligne et surtout de comprendre la façon dont les informations circulent entre elles. Les techniques d’investigation permettent enfin de reconnaître la signature des campagnes organisées de désinformation. Cela peut également passer par du travail de terrain, comme le fait d’avoir accès à des témoignages de repentis de “fermes à trolls” et de victimes de telles campagnes. 

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Reconnue pour son expertise dans la data science

Ses clients et partenaires sont aussi bien des plateformes technologiques, des laboratoires universitaires, des associations de défense des droits de l’homme, des ONG, que des think tanks et les journalistes d’investigation. L’an dernier, Camille François a par exemple travaillé avec le Sénat américain pour “analyser des données en provenance des réseaux sociaux dans le cadre d'une enquête sur l'ingérence de la Russie dans l'élection présidentielle américaine de 2016”, indique la MIT Technology Review dans sa biographie.

Si aujourd’hui la trentenaire est reconnue pour son expertise dans la data science, cette juriste de formation, diplômée d’un master en droits de l’homme à Sciences Po, a fait ses premiers pas dans le monde de la politique avant de rejoindre la tech. Pour son premier stage, elle a été attachée parlementaire auprès d’Arnaud Montebourg, en 2007. 

Ses débuts dans la cybersécurité 

L’aventure américaine démarre trois ans plus tard. Pour son double diplôme, elle intègre un master en sécurité internationale de l'École des affaires internationales et publiques de l'Université Columbia à New York. Elle enchaîne ensuite avec une expérience chez DARPA, l’agence du département de la Défense des États-Unis chargée de la recherche et développement des nouvelles technologies pour la sécurité nationale. 

Elle va ensuite chez Mozilla pour travailler sur un programme de recherche qui sera un plaidoyer pour remettre l’utilisateur au centre des politiques en matière de cybersécurité. Un leitmotiv qui l'amène à revenir travailler en France comme conseillère pour  Etalab, le “Chief Data Officer” de l’Etat, alors que Manuel Valls lance la première feuille de route de la France sur les questions d’open data, de droits numériques et de cybersécurité. Une parenthèse de 8 mois, avant de traverser à nouveau l’Atlantique, où elle rejoint Jigsaw, l’incubateur et think tank de Google, où elle crée une équipe interdisciplinaire questionnant l’utilisation de la technologie et son impact sur la société (propagande, extrémisme, biais algorithmiques…). 

Camille François publie régulièrement dans des revues comme le New York Times, WIRED, le Washington Post. En avril 2016, elle publie un article “Comment penser la Cyberpaix” chez Le Monde Diplomatique. Elle y explique les enjeux de la cyberguerre sur la vie réelle. Enfin, elle réalise des travaux et enseigne depuis plusieurs années à Harvard sur les sujets relatifs à la cybersécurité. 

Fabiola Dor et Julia Lemarchand

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